Emploi des diplômés : un classement contestable mais utile
Dis-moi le master que tu veux faire, je te dirai où étudier. C’est le constat facile que l’on pourrait faire en vous proposant ce palmarès des meilleures universités par discipline. Mais tout n’est pas si simple.
Meilleures universités ? Mais meilleures en quoi ? Une étude lancée par le ministère de l’enseignement supérieur tente d’établir chaque année l’insertion des étudiants 30 mois après l’obtention de leur master.
Un classement à relativiser
De ces chiffres nous avons établi un classement que tu peux consulter en bas de cette page. Ton université n’apparait dans aucun de ces top 10, tu penses finir chômeur et pauvre… Eh bien peut être pas! Ces chiffres ne sont pas à prendre au pied de la lettre. L’étude du ministère a interrogé 47 500 diplômés de 2010 et cela ne représente que 39% de la totalité des diplômés de master. Marc Boudier est responsable de l’Observatoire de la Vie Étudiante à Toulouse I, qui mène l’étude au niveau local. Il explique : « On n’interroge que les personnes n’ayant pas poursuivi leurs études après le master, qui sont français, et dont l’âge n’excède pas une certaine limite. »
Beaucoup d’étudiants comme toi ne se retrouvent pas dans les nomenclatures proposées par le ministère. Un élève en études de Droit, se reconnaît facilement dans ces statistiques. Pour Carole, 26 ans et diplômée d’expertise et médiation culturelle, la tâche est plus complexe. Sa discipline se retrouve dans l’ensemble « Lettres, Langues, Art » qui regroupe de nombreuses autres matières. « Pour moi, ces chiffres ne sont pas représentatifs. Il suffit de regarder mon ancienne promotion pour voir les différences », témoigne-t-elle.
D’autres termes utilisés dans l’étude restent vagues. On peut lire « cadre et profession intermédiaire » dans les types d’emploi. « C‘est ce qu’on pourrait appeler un fourre-tout » explique Marc Boudier. « C‘est une nomenclature qui vient de l’INSEE. Elle ne veut pas dire grand chose en soi, et elle regroupe de nombreuses professions ». La notion de la stabilité de l’emploi est une valeur clé de l’enquête, sa définition n’est pas précisée dans le jeu de données, ou dans la méthodologie. « Les emplois stables, ce sont les CDI et les fonctionnaires », ajoute Marc Boudier.
« Je me disais qu’à aucun moment on nous demandait si on faisait le boulot en rapport avec notre branche. » se souvient Carole. Bien que certains OVE se penchent sur la question, l’enquête ne tient pas compte de l’adéquation entre la formation que suivent les étudiants et la profession qu’ils exercent 30 mois après leur diplôme. Une situation que « regrette » Marc Boudier.
L’étude est réalisée 30 mois après l’obtention du diplôme. « Nous avons fait des études et des chronogrammes, et on s’est aperçu qu’au bout d’un certain temps les situations des étudiants se stabilisaient. » se souvient Marc Boudier. Des chiffres qui sont certes plus stables mais dont la pertinence est contestable. On comprend mieux les taux élevés d’insertion affirmés!
Le signe d’un progrès
Pourtant, les différents OVE qui réalisent ces enquêtes les menaient bien avant que la loi ne les y oblige. Les OVE ont donc l’expérience et les moyens nécessaires pour mener à bien ces enquêtes au niveau local. Avec l’obligation, les observatoires reçoivent désormais des questionnaires qui sont uniformisés et permettent une comparaison des chiffres.
D’ailleurs, le taux de réponse reste supérieur à 70% (voir le graphique ci-dessous). On peut faire de nombreuses critiques sur cette enquête, mais ne crachons pas dans la soupe, le ministère s’intéresse à l’avenir de ses diplômés et c’est un progrès!
Parmi les résultats des diplômés de 2010, nous avons choisi de retenir deux critères pour classer les universités françaises: l’insertion et le salaire médian à la sortie de leur master. On commence par le taux d’insertion. Ce graphique montre le pourcentage de diplômés de 2010 ayant trouvé un emploi 30 mois après l’obtention de leur master.