Femmes de l’Est : L’Europe, chance ou mirage ?
L’européenne a-t-elle les mêmes chances qu’elle soit née à Paris, Berlin, Sofia ou Bucarest ? En 2004, huit pays de l’Est sont entrés dans l’Union européenne parmi lesquels l’Estonie, la Hongrie et la Pologne. La Charte des droits fondamentaux de l’Union pose le principe de l’égalité hommes-femmes dans tous les domaines. Dix ans plus tard, cela a-t-il bénéficié aux femmes de l’Est ?
DES FEMMES MIEUX FORMÉES QUE LES HOMMES MAIS MOINS PAYÉES
Légende : Les fonds de couleur sur la carte représentent l’écart de rémunération entre hommes et femmes en 2012. Plus la couleur est foncée, plus l’écart de rémunération en défaveur des femmes est important.
Au sein de l’ensemble des pays de l’Union – et donc dans les États de l’Est – une femme à niveau d’études équivalents gagne 15% de moins que son homologue masculin. Pourtant l’Union européenne s’est engagée de longue date en faveur de l’égalité salariale entre hommes et femmes. En 1957, l’article 119 du Traité de Rome réaffirme ce principe.
Si les femmes sont plus nombreuses à suivre des études secondaires, elles restent minoritaires parmi les diplômés du domaine scientifique (mathématiques, physique, chimie). L’Union européenne s’emploie à favoriser l’accès à l’éducation du plus grand nombre et a fixé pour objectif la généralisation de l’accès au second cycle de l’enseignement secondaire.
MOINS D’ENFANTS GARDÉS A L’EST QU’A L’OUEST
L’existence de services de garde d’enfants constitue un élément essentiel pour parvenir à l’égalité des chances en matière d’emploi entre les femmes et les hommes. A l’Est, il est plus difficile de faire garder ses enfants qu’à l’Ouest. Le Conseil européen avait fixé comme objectif la mise en place d’ici 2010 de structures d’accueil pour au moins 90 % des enfants âgés entre trois ans et l’âge de la scolarité obligatoire.
L’OUEST ET L’EST UNIS SUR LA QUESTION DE L’IVG
A l’échelle de l’Union européenne, il n’y a pas de politique commune en matière d’avortement. Aucune directive ne contraint les États membres à autoriser l’interruption volontaire de grossesse. Malgré le poids de l’église, la majorité des pays de l’Est ont une législation comparable à celle des pays de l’Ouest.
« En Pologne, en Hongrie et dernièrement en Espagne, le recours à l’avortement est contesté. La femme doit pouvoir disposer de son corps, c’est un droit fondamental. […] Dans les pays de l’Europe de l’Est, l’église a encore une forte influence. Les idées religieuses réactionnaires sont diffusées dans la population et contribuent à l’ancrage des discriminations envers les femmes », rappelle Annie Sugier, Présidente de la Ligue du droit international des femmes.
DOMINATION MASCULINE EN POLITIQUE, SURTOUT À L’EST
» La notion de parité est récente. Cela a permis de visualiser les écarts entre les hommes et les femmes et de rendre plus visible la progression de ces dernières. Peu à peu, grâce à la parité, on ne se contente plus d’avoir 10 ou 20% de femmes aux parlements ou dans les instances dirigeantes », déclare encore Annie Sugier.
L’Europe n’a pas émis de directive sur la parité en politique. A l’Est, la présence des femmes au sein des assemblées reste faible. Néanmoins, sous l’impulsion de l’Union, les élues en Europe de l’Est sont de plus en plus nombreuses.
« Tous les combats restent à mener en matière d’égalité hommes-femmes », affirme Annie Sugier, Présidente de la Ligue du droit international des femmes. En 2014, un premier pas vers plus d’égalité peut être franchi. Quatre institutions européennes vont être renouvelées. L’opportunité de mettre en application les recommandations qui prévoient l’égalité entre les femmes et les hommes.
Loppy N’daricaling, Delmas Matthieu et Pretagut Magali