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Saisonniers en Aquitaine : à qui profite le tourisme ? (making of)

– Idée de départ
Notre idée de départ était de travailler sur la pauvreté dans les zones touristiques, et de nous demander si le tourisme profitait aux résidents locaux des régions touristiques.
Pour travailler à partir de données, nous avons resserré l’angle de notre sujet. À partir du nombre d’inscrits à Pôle emploi, nous pouvions nous intéresser à l’emploi des résidents dans les zones touristiques de la région Aquitaine, avec comme angle la question suivante: les résidents permanents de ces communes profitent-ils de l’activité touristique ou en sont-ils, au contraire, les victimes ? Subissent-ils l’arrivée en masse d’employés saisonniers pendant les mois de forte activité touristique ?
Nous avons choisi les zones à étudier en fonction du tourisme en Aquitaine, trois zones qui seraient chacune représentative d’un type de tourisme en Aquitaine :
– le Périgord noir pour le tourisme patrimonial
– le littoral aquitain pour le tourisme estival
– les stations de ski dans les Pyrénées

– Recherche de documentation
Nous avons commencé par travailler à partir d’articles et d’études qui traitaient, en partie, de ce sujet.

– Recherche de données
Nous avons contacté Pôle emploi qui nous a fourni des liens vers des données sur le nombre d’inscrits à Pôle emploi, mois par mois, dans les départements et communes d’Aquitaine, ainsi que des chiffres sur les offres d’emploi, mois par mois. Nous avons également utilisé des données recueillies dans les différentes études de l’Insee. Nous n’avons pas eu accès aux données brutes car l’Insee nous affirmait ne pas pouvoir nous les fournir. Nous avons donc nous-mêmes établi des tableurs de données à partir des tableaux et graphiques présents dans les différentes études de l’Insee.
Nous avons rencontré quelques difficultés à ce stade de notre travail car il fallait y voir clair au milieu de toutes ces données. Nous avons donc décidé de réaliser des graphiques sur Excel afin de mieux visualiser les chiffres recueillis.

– Mise en forme des données
Nous avons réalisé une quinzaine de graphiques à partir des données recueillies. Cela nous a permis de confirmer certaines de nos hypothèses, tout en soulevant de nouvelles questions :

→ Graphique n°1 : Provenance des saisonniers dans l’Aquitaine selon les kilomètres. Les saisonniers viennent soit de très près, moins de 20 kilomètres, soit de très loin, à plus de 100 kilomètres.


→ Graphique n°2 : Provenance des saisonniers dans l’Aquitaine selon la zone. Le Pays-Basque se démarque : les saisonniers viennent essentiellement de la zone touristique très proche, beaucoup plus que pour les autres régions étudiées.


→ Graphique n°3 : Offre de contrats saisonniers en Aquitaine pour l’année 2013. Pic d’offres en mars et en août. Hausse régulière à partir de mai. Pic pour la saison d’hiver (les stations de ski), hausse plus régulière à partir de mai pour la saison estivale.


→ Graphique n°4 : Évolution du nombre d’inscrits à Pôle emploi de février 2013 à février 2014. Grosse baisse en août. Le nombre remonte à partir de fin août. Courbe régulière.


→ Graphique n°5 : Taux de fréquentation des hôtels par zone en 2013. Pic en août.


→ Graphique n°6 : nombre d’annonces de contrats saisonniers en Aquitaine en 2013, comparé au nombre d’annonces de contrats saisonniers en France en 2013. Beaucoup plus d’annonces en Aquitaine que dans le reste de la France. Les saisons sont aussi beaucoup plus marquées.

– Contacts :
Pour confirmer nos hypothèses, et répondre aux nouvelles questions soulevées par les graphiques, nous avons contacté différents interlocuteurs, à qui nous avons posé les questions suivantes :

Littoral aquitain
1) Il s’agirait davantage de résidents locaux, lorsque la période touristique est longue. En effet, les résidents locaux peuvent ainsi travailler six mois, et vivre dans la région toute l’année. Dans les régions du littoral, les saisonniers ne peuvent pas vivre avec deux mois de travail, ils partent donc travailler ailleurs après la saison, et ne sont donc pas résidents de la région du littoral. Confirmez-vous cette hypothèse ?
2) Les résidents des régions touristiques profitent du tourisme de leur région puisqu’ils travaillent pendant la période touristique. Dans le même temps, ils vivent d’emplois précaires, sont en CDD, mal rémunérés, et peuvent se retrouver sans travail après la période estivale pour les régions balnéaires. Diriez-vous que les résidents locaux profitent réellement du tourisme dans leur région ?
3) Il y a beaucoup plus de saisonniers locaux dans le Pays basque ? Comment l’expliquez-vous ?
4) Pourriez-vous nous donner le profil des saisonniers que vous voyez passer ?

Les interlocuteurs :
– Maison des saisonniers de Mimizan: Laure Trecu, chargée d’accueil plateforme Nomad’
– Julie Lesieur, chargée de mission du projet « Emploi saisonniers » du Pays Landes Nature Côte d’Argent
– Maison des saisonniers du Périgord noir : Chantal Berthomier

Stations de ski
→ Les graphiques nous ont montré qu’il y a peu de saisonniers dans les stations de ski l’hiver. Qui sont donc les gens qui travaillent dans les stations de ski à cette période ? Les moniteurs de skis sont-ils en CDI Intermittent, ce qui expliquerait qu’ils ne soient pas considérés comme des saisonniers ?

Les interlocuteurs :
– Maison des saisonniers Saint-Lary
– Maison de l’emploi de Bayonne : Florence Samson

Grâce à ces différentes interviews, nous avons commencé à redéfinir notre sujet. Nous avons constaté que le tourisme profite bien aux résidents locaux dans la mesure où ce sont eux qui sont majoritairement embauchés. Mais dans le même temps, nous nous sommes demandé si ce type d’emploi ne les maintenait pas dans une certaine précarité.
Cette dernière conclusion n’a néanmoins pas pu être directement tirée des propos des différents responsables des maisons des saisonniers. En effet, ils ne se sont pas montré très critiques à l’égard de la situation des saisonniers que nous estimions précaire. Selon eux, le tourisme permet au moins d’avoir un travail pendant la période touristique, et les résidents locaux se réjouiraient déjà de ce phénomène. Néanmoins, certaines allusions à des contrats courts, aux rémunérations peu élevées, mais aussi aux situations de chômage des saisonniers nous ont permis de confirmer notre hypothèse.

– Enquête sur le terrain :
Nous sommes partis enquêter sur le terrain, à Arcachon, où la saison a déjà débuté. Nous avons rencontré différents interlocuteurs :
– Olivier Brunet, serveur / barman aux Tropiques
– Dominique et Julien Seurin, gérants du restaurant le Cap’tain Aldo
– Alexandre Leleu, responsable de salle au Thiers d’Arcachon

– Mise en forme finale :
Nous avons décidé de réaliser une frise chronologique de l’emploi saisonnier, qui détaille le parcours d’un saisonnier au cours de l’année.
Nous avons mis en place une carte détaillant l’origine géographique des saisonniers travaillant sur le bassin d’Arcachon pendant la période estivale. Un graphique traitant également l’origine géographique des saisonniers vient compléter cette carte.
Nous avons également réalisé un graphique détaillant la moyenne de durée des contrats saisonniers dans les différentes zones touristiques d’Aquitaine.
Nous avons inséré tous ces visuels dans un texte qui rend compte de l’enquête et du reportage que nous avons réalisés.

Vous pouvez encore consulter les sites du datajournalismelab de 2013 et de 2012. Outre les productions des étudiants, vous y trouverez des documents visant à partager les expériences et la réflexion des nombreux acteurs de ce laboratoire autour d’un modus operandi de la formation au datajournalisme.