Changer de lunettes, soigner une carie, consulter pour un contrôle gynécologique sont des actes médicaux ordinaires. Mais combien de temps faut-il attendre entre la prise de rendez-vous et la rencontre avec le spécialiste ? Dans certaines villes, comptez entre trois et six mois. Et à Bordeaux ? Bonne nouvelle : vous n’attendrez pas trop longtemps. Même si tous les quartiers ne disposent pas de la même offre médicale.

Trois catégories de spécialistes et pour chacune, des temps d’attente qui varient. 25% des dentistes interrogés proposent un rendez-vous dans les cinq jours quand certains gynécologues vous font attendre jusqu’à six mois. En moyenne, comptez 11 jours d’attente pour un contrôle de routine chez le dentiste, 32 chez l’ophtalmologiste et 37 chez le gynécologue. Ces délais s’entendent pour un rendez-vous classique, pas une urgence.

Une offre médicale conséquente

Moins d’attente en fait que ce que croient les bordelais. Mais Bordeaux est-elle une ville où le patient a l’embarras du choix ? En comparaison avec des communes de même taille, Bordeaux est la championne.

Mais la championne n’est pas parfaite. Tous les quartiers ne sont pas égaux. À l’évidence les spécialistes préfèrent s’installer dans l’hyper centre ville qu’à Bacalan ou sur la rive droite. « Les spécialistes ne veulent pas s’établir dans des quartiers de précarité sociale pour des raisons financières. D’autant que les précaires préfèrent souvent solliciter les hôpitaux publics et les urgences quand ils ont besoin d’une consultation, » déclare une cadre de l’Agence Régionale de Santé d’Aquitaine (ARS). Un dentiste installé à Bordeaux depuis 30 ans confirme ce choix : « Quand je me suis installé, les Quais, Bacalan et la rive droite, avaient la réputation d’être très mal famés et personne n’avait envie de s’établir au milieu des dockers et des prostituées. »

Le délai d’attente raisonnable n’est pas la seule nouvelle surprenante. Sachez qu’il n’existe pas de lien entre temps d’attente et honoraires pratiqués. Nous avons constaté qu’un médecin conventionné secteur 1* n’a ni plus ni moins d’attente qu’un spécialiste conventionné secteur 2* qui pratique des honoraires libres.

Bordeaux apparait donc comme une ville où l’offre de santé est généreuse. Mais il reste une ombre au tableau. Pour que cette offre s’améliore, il faudrait que les nouveaux médecins osent s’implanter dans les quartiers délaissés.

*Secteur 1 : tarif qui sert de base au remboursement de la caisse maladie.

*Secteur 2 : tarif libre et fixé par le médecin, selon les exigences de la caisse d’assurance maladie avec « tact et mesure »

Par  Eleanor Douet, Élise Henry et Colin Pradier