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Santé : des rendez-vous rapides chez les spécialistes bordelais (making of)

250 coups de téléphone.
250 secrétaires. Uniquement des femmes.
Certaines chaleureuses, d’autres… moins.

Étape fastidieuse mais pourtant obligatoire pour mener à bien notre enquête. Aucune base de données n’existe à ce sujet. A nous de la fabriquer. Notre méthode : chacun se charge d’appeler tous les spécialistes d’une seule discipline à l’aide du fichier d’Ameli.fr ( site de la Sécurité sociale ).
« -Euh…bonjour Madame, je souhaiterais prendre rendez-vous avec le docteur pour un bilan visuel au plus tôt. Je suis un nouveau patient.
– Très bien, j’ai une possibilité le 7 juin à 9h30.
-Ah ok, j’en prends note. Euh…écoutez, je vérifie avec mon employeur si je peux me libérer. Je vous rappelle dans la minute.
– Je vais prendre votre nom quand même, les places libres sont rares.
– Euh…non, je vous rappelle dans l’instant.
– Il serait mieux quand même de…
– Non, non, je…je…
– Il est préférable de… -(bip…bip…bip…) »

Oui, c’est arrivé. Pourquoi ne pas présenter honnêtement notre démarche journalistique ? Pour éviter des refus ou des mensonges sur les disponibilités et être considérés comme un patient lambda. Tout en étant le plus rigoureux possible dans notre prise de données (même présentation, même questions, même excuse pour ne pas avoir 300 rendez-vous à annuler), un facteur est venu un peu chambouler notre organisation. Les cabinets. Comment prendre en compte les médecins qui sont 2, 3, 4 voire plus dans un seul cabinet avec une seule secrétaire ? Nous avons dû faire un choix, et celui qui nous a semblé le plus honnête était de demander le rendez-vous le plus rapide dans le cabinet, peu importe le médecin. Une fois les données récoltées, nous avons réalisé un tableur par spécialité énumérant les mêmes types d’informations : le nom, les coordonnées, le secteur d’honoraires, le tarif de base, la date et l’heure de l’appel ainsi que le jour du rendez-vous et le délai en jours.

Pour mettre en évidence le cœur de notre sujet, nous avons opté pour une carte interactive. Sur celle-ci, sont localisés les spécialistes, avec leur temps d’attente et leur tarif de base. Plusieurs infographies complémentaires enrichissent notre enquête et tentent d’expliquer nos résultats. Nous avons cherché à consolider notre analyse en contactant la présidente du Collectif Interassociatif sur la Santé d’Aquitaine, l’UFC Que Choisir de Bordeaux qui ne nous a pas répondu, l’ARS d’Aquitaine et l’Ordre des Médecins, très peu enclin à dialoguer, voire un peu sceptique et inquiet sur notre travail.

Par Eleanor Douet, Élise Henry et Colin Pradier

Vous pouvez encore consulter les sites du datajournalismelab de 2013 et de 2012. Outre les productions des étudiants, vous y trouverez des documents visant à partager les expériences et la réflexion des nombreux acteurs de ce laboratoire autour d’un modus operandi de la formation au datajournalisme.