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Qui est le meilleur entraîneur des Girondins ?

De Maurice Bunyan à Francis Gillot, ils sont vingt-trois à avoir entraîné les Girondins de Bordeaux au plus haut niveau depuis 1945. Techniques de coaching, spectacularité, résultats… Notre enquête les a passés au banc d’essai : Laurent Blanc est le meilleur entraîneur de l’Histoire des Girondins.

Ricardo devant Baup, Francis Gillot dans le ventre mou. Établi à partir de résultats purs et de critères techniques, découvrez notre classement complet des entraîneurs. Notre mode de calcul est précisé dans notre making-of.

Ci-dessous, identifiez les points forts et les points faibles de chacun des entraîneurs de Bordeaux, de la moyenne de points aux remontadas – c’est-à-dire le nombre de matchs remportés après avoir été mené au score.

 

Sans trop de surprises, au critère de la moyenne de points par match, on retrouve les mêmes premiers qu’au classement général. Laurent Blanc est nettement devant. Viennent ensuite Aimé Jacquet et Jean-Pierre Bakrim. Ce dernier bénéficie de sa superbe saison 1968-1969, où il échoue, malgré un rythme de champion, à la deuxième place, derrière l’AS Saint-Etienne. Pour le calcul, trois points sont attribués par victoire, un par match nul.

 

Tout aussi logiquement, Laurent Blanc trône au sommet et impressionne par son nombre de victoires. Il termine notamment la saison 2008-2009, celle du titre, par une série de onze succès. Bakri le talonne encore une fois. Et c’est Raymond Goethals qui complète le podium. En deux saisons à la tête des Girondins, le Belge a insufflé la gagne à ses joueurs : ses 22 victoires lors de la saison 1989-1990, à l’issue de laquelle il termine deuxième, en témoignent.

 

Lire (sur lemonde.fr) : Laurent Blanc à Bordeaux, une belle histoire qui a duré trois ans

 

Au nombre de buts marqués, c’est Bakrim le plus fort. Derrière lui, Maurice Bunyan et Salvador Artigas viennent confirmer que les Trente Glorieuses, c’était aussi sur les terrains niveau spectacle. Jusqu’à la fin des années 60, pas de tactiques ultra-développées : marquer un but de plus que l’adversaire suffisait. Soulignons à ce titre la performance de Laurent Blanc qui affiche une moyenne de buts impressionnante dans une période bien plus récente. La présence de Ricardo en fond de classement étonnera peu. Le technicien brésilien, plus connu pour sa rigidité défensive que ses envolées offensives, présente une faible moyenne de 1,08 but par match. Il doit sa cinquième place dans notre classement général à sa gestion de l’équipe : en deux saisons, il réussit à garder ses cages inviolées plus d’un match sur deux. Mieux, il n’a encaissé que 18 buts en 76 matchs de championnat. C’est le seul à avoir réalisé cette performance, suivi de près par Gérard Gili et Guy Stéphan. Deux autres coachs peu réputés pour leur qualité de jeu. Bien défendre n’assure pas la victoire, loin de là. Même si Courbis, Jacquet et Blanc figurent en bonne place dans ce classement.

 

 

 

Les buts marqués par les remplaçants sont révélateurs de la capacité du coach à mobiliser l’ensemble de son effectif autour de son projet. Et à ce petit jeu, c’est Jean Tigana qui tire son épingle. 20% des buts marqués lors de son passage sur le banc de Bordeaux l’ont été par des joueurs entrés en cours de match. Un but sur cinq. Alors, coaching gagnant ? Peut-être, mais cela veut aussi dire que l’équipe de Tigana était souvent menée en cours de match, et que l’entraîneur était contraint de faire entrer des joueurs offensifs pour tenter d’inverser le cours du match. Couplée au faible pourcentage (10%) de remontadas – ou victoires après avoir été menés pendant le match – présenté par cet entraîneur, cela n’a à l’évidence pas trop réussi.

Lire (sur sofoot.com) : Tigana-Bordeaux, les raisons d’un échec

Guy Stéphan et Slavo Muslin présentent 25% de remontadas. Une belle performance à relativiser par le faible nombre de victoires des deux coachs : huit seulement. La remontada n’est toutefois pas l’apanage des entraîneurs qui gagnent peu. Laurent Blanc, notre champion toutes catégories, a su faire de ces remontées au score une de ses forces. Il a ainsi gagné un match sur cinq après avoir été mené. La preuve d’une force mentale transmise à ses joueurs. Rolland Courbis est lui relégué au fond du classement des remontées. La « faute » à une bonne défense : c’est sous son coaching que Gaëtan Huard a établi son record d’invincibilité de 1176 minutes en championnat. Pas de but encaissé, difficile donc de remonter le score. Sous Aimé Jacquet, les remplaçants marquaient très peu. Mauvais coaching? Pas forcément. Le technicien s’appuyait essentiellement sur une ossature forte, portée par la paire Bernard Lacombe – Alain Giresse en attaque.

 

On voit ci-dessus que sur le podium de la régularité, Salvador Artigas se place troisième. Le technicien espagnol n’a remporté aucun titre national dans les années 60, mais a remis Bordeaux sur les rails de la réussite, après plusieurs saisons en Deuxième division.

Devant lui, Aimé Jacquet a brillé par sa constance. Au cours de la décennie 1980, il a installé les Girondins parmi les clubs français de référence : trois titres de champion de France, deux fois vice-champion et deux fois à la troisième place.

Voir (sur sudouest.fr) : Il y a 30 ans, les Girondins de Bordeaux étaient champions de France

Mais c’est Laurent Blanc qui remporte la palme de la régularité. Fort d’un titre de champion de France, d’une deuxième et d’une sixième place en l’espace de trois ans, il a su tirer le meilleur de son effectif et remis Bordeaux au centre du paysage footballistique français des années 2000, mettant fin à l’hégémonie lyonnaise.

 

Avec un parcours remarquable en Ligue des Champions 09/10 – quart de finaliste et 16 points pris sur 18 possibles dans un groupe A très relevé – Laurent Blanc est le meilleur entraîneur des Girondins en Ligue des Champions (voir barème). Il paie néanmoins ses faibles résultats en Ligue Europa, ce qui le place dans le ventre mou du classement combiné des coupes d’Europe. Un classement dans lequel brille Gernot Rohr, grâce à son parcours atypique en Coupe de l’UEFA : arrivé en cours de saison 95/96, il hérite d’une équipe qualifiée en quarts de finale qu’il emmène jusqu’à la finale, perdue face au Bayern Munich.

Derrière ces deux hommes, Aimé Jacquet ne dépare pas. Une demi-finale (84/85) et deux quarts de finale de Ligue des Champions, ainsi que deux huitièmes de finale de Coupe de l’UEFA le placent parmi les techniciens les plus réguliers en coupe d’Europe. Des parcours admirables qui n’empêchaient pas une constance dans l’exercice parallèle du championnat.

Même constat en coupe de France, que Jacquet remporte à deux reprises. Mais notre barème place Jean-Pierre Bakrim devant, grâce à ses deux finales (perdues) en trois ans.

Le futur des Girondins s’écrit avec Willy Sagnol, qui vient de succéder à Francis Gillot. Jean-Louis Triaud confie de nouveau le destin sportif du club à un jeune entraineur inexpérimenté, comme il l’avait fait avec Laurent Blanc. Excité par le projet, ambitieux aussi, Willy Sagnol peut en tout cas s’inspirer de cette enquête et s’inscrire dans les pas de ses prédécesseurs. En espérant pour lui que ce soit plus dans ceux de Laurent Blanc que de Jean Tigana.

 Par Mathieu Demaure, Lucas Desseigne et Kévin Morand

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